Pêcher au Sahara Occidental, question chaude pour l’UE
Chaque année, le Maroc reçoit l’équivalent de 350 millions de Couronnes Suédoises (37 millions d’euros) pour son accord de pêche avec l’UE. L’accord s’applique aussi aux eaux du Sahara Occidental occupé, où les navires de l’UE pêchent au chalut. De nombreuses personnes, dont l’expert en droits de l’homme Hans Corell, critiquent cet accord et demandent des conditions plus fermes lors de sa renégociation.
« J’ai honte que l’UE soit si veule. L’UE ne devrait pas tomber si bas » a dit Hans Corell, expert internationalement renommé des droits de l’homme et ancien sous Secrétaire Général pour les affaires et conseils juridiques de l’ONU, concernant l’accord de pêche polémique avec le Maroc.
L’accord expire en février 2011 et doit être renégocié par la Commission Européenne.
« La plus grande part de l’accord de pêche européen avec le Maroc porte sur les zones de pêche au large du Sahara Occidental. J’ai cherché des réglementations qui assureraient que les Sahraouis reçoivent leur part de cela.
Mais Hans Corell n’a pas trouvé ce qu’il cherchait.
L’ONU qualifie le Sahara Occidental de « Territoire Non Autonome », appelé aussi la dernière colonie d’Afrique. Selon Hans Corell, il est clair comme du cristal que le Maroc n’a aucun droit d’extraire des ressources naturelles du Sahara Occidental si c’est contraire aux intérêts et souhaits du peuple Sahraoui.
Nulle part dans l’accord ne se trouve un seul mot sur une limitation de la juridiction Marocaine selon les règlements du droit international à l’autodétermination.
« C’est avec tristesse que nous devons noter que l’UE n’est pas aux normes non plus » a commenté Hans Corell. Il a ajouté que l’Espagne, ancien pouvoir colonial « a violé son devoir » quand il a quitté le Sahara Occidental sans aider à sa décolonisation. Au lieu de cela, le Maroc est entré au Sahara Occidental et y est resté depuis.
Juste avant Noël de l’année dernière, la commission du Parlement Européen a déclaré son intérêt pour un voyage d’étude au Maroc et Sahara Occidental. Mais Rabat a répondu qu’il n’avait pas le temps de recevoir une délégation.
« Nous avions décidé dans un consensus politique que nous voulions visiter le Maroc et le Sahara Occidental, parce qu’il existe une incertitude politique à savoir si les Sahraouis pensent que c’est un bon accord, ou si l’accord ne concorde pas avec le droit international » a déclaré la parlementaire Européenne Isabella Lövin (verts), membre de la commission pêche et auteur du livre primé « Silent Sea ».
Elle pense que l’accord de pêche avec le Maroc et le « plus flagrant exemple de la façon dont l’UE, en contradiction avec le droit international, légitime une puissance occupante qui vend des poissons qui ne lui appartiennent pas tous ».
« La partie la plus épineuse de l’accord, c’est que le Sahara Occidental n’est pas du tout mentionné. Parce que les Verts au Parlement Européen ont posé une requête à la commission de l’UE, Nous avons reçu comme réponse qu’un certain nombre de navires de l’UE pêchent dans les eaux du Sahara Occidental »
La Charte de l’ONU rend possible à une puissance occupante de vendre les ressources naturelles d’un pays occupé si cela concorde avec les souhaits du peuple occupé.
« Mais le profit ne doit pas aller dans la poche du pouvoir occupant » a déclaré Isabella Lövin.
Après plus de 30 ans d’occupation Marocaine, il est difficile d’établir qui peut légitimement se définir comme Sahraoui. Les citoyens Marocains se sont déplacés au Sahara Occidental, et le vote populaire sur le statut de la zone a été reporté par le Maroc.
Isabella Lövin n’hésite pas à comparer le déplacement Marocain de ses propres citoyens vers le Sahara Occidental avec la politique de colonisation illégale de la Cisjordanie par Israël.
Pourquoi cette discrétion sur le conflit su Sahara Occidental ?
« C’est un conflit non armé. Il est loin. C’est une petite nation. J’étais complètement choquée quand j’ai réalisé que les Sahraouis sont dans des camps de réfugiés en Algérie depuis 30 ans sous le supervision de l’ONU, - et par les promesses populaires non tenues d’un vote populaire sur le statut du Sahara Occidental. »
La Suède a été le seul pays à être contre l’accord de pêche de l’UE avec e Maroc en 2006. Le gouvernement était Social Démocrate. Mais le Ministre des affaires étrangères Carl Bildt dit aussi le Sahara Occidental occupé
Le ministre de l’Agriculture, Mr. Eskil Erlandsson, espère un renforcement des exigences dans la renégociation de la commission européenne avec Rabat.
« J’ai écrit un courrier à la nouvelle commissaire à la pêche, Maria Damanaki. J’ai demandé une clarification sur la façon dont le peuple Sahraoui a une part de l’argent et du développement que l’argent de l’UE (37 millions d’euros par an) peut entraîner. Au Parlement Suédois, j’ai déclaré que si les Sahraouis ne reçoivent pas une part de cela, alors je pense que l’UE ne doit pas avoir d’accord avec le Maroc » a déclaré le Ministre de l’Agriculture.
Est il possible que la Suède soit encore en 2011 le seul pays de l’UE à être contre le nouvel accord ?
« Mon espoir est que plus de pays soit du côté de la population locale et du poisson » a dit Eskil Erlandsson.
Le congrès du parti social-démocrate Suédois a voté cet automne en faveur de la reconnaissance du Sahara Occidental comme état indépendant – une décision qui sera sur la table de Mona Sahlin s’il y a une victoire des rouge/vert aux élections en septembre.
Certains observateurs pensent que l’UE est plus intéressée par un nouvel accord de pêche avec le Maroc que vice versa. Un accord exige des données sur la façon dont l’argent de l’UE est utilisé. Sans un accord, le Maroc pourrait vendre les droits de pêche à des armateurs privés naviguant sous des pavillons de complaisance – et sans possibilité d’accès.
Svenska Dagbladet [Quotidien Suédois] a demandé les commentaires de l’ambassade du Maroc.
L'UE envisage de payer le Maroc pour pouvoir pêcher au Sahara Occidental occupé à partir de 2013. L'Accord de Pêche UE-Maroc serait à la fois politiquement controversé et en violation du droit international. La campagne internationale Fish Elsewhere! ("Allez Pêcher Ailleurs!") demande à l'UE d’éviter de telles opérations totalement immorales, et d'aller pêcher ailleurs. Aucune pêche ne devrait avoir lieu au Sahara Occidental avant la résolution du conflit.