Un accord de pêche l'UE-Maroc serait écologiquement non durable
Le Maroc est incapable de gérer les stocks de poissons du Sahara Occidental d'une manière durable. Les précédentes pêches de l’Europe au Sahara Occidental ont montré clairement la destruction par la flotte communautaire des ressources halieutiques du territoire.
Alors que le très critiqué accord de pêche 2007-2010 de l’UE au Sahara Occidental était sur le point de prendre fin, une évaluation indépendante commandée par la Commission a montré que l'accord était clairement préjudiciable d'un point de vue écologique.
La plupart des stocks de poissons au Maroc et au Sahara Occidental sont soit pleinement exploités soit surexploités, a conclu le Groupe de travail de la FAO (Food and Agriculture Organisation) et le Comité des pêches pour l'Atlantique Centre-Est (COPACE) en 2010.
Le Groupe de travail a recommandé une réduction des activités de pêche pour permettre aux stocks de se reconstituer. L'analyse indépendante de l'accord de pêche UE-Maroc rendue à la Commission européenne conseille également de diminuer la pêche des réserves de poissons les plus touchées. Un accord de pêche 2013 ferait en d'autres termes porter un lourd fardeau sur un écosystème au large des côtes du Sahara Occidental déjà surexploité et fragile.
Les problèmes écologiques de la précédente pêche de l'UE sont de différents niveaux:
a) La poursuite de la pêche de l’UE augmente le risque d'extinction d’espèces marines déjà menacées
L'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) considère que les requins, les différentes raies sont en danger d'extinction. Pas moins de 70% des captures totales des trois navires portugais actifs dans les eaux sahraouies étaient des requins, et différentes raies. C'est bien au-dessus de 450 tonnes d'espèces en voie de disparition. Un seul navire espagnol pêchait environ 60 tonnes de requins et de raies, ce qui équivaut à 30% de ses captures totales.
L'Union européenne a ainsi violé son plan d'action sur les requins, adopté en 2009. Il est également allé à l'encontre du Plan d'action international pour la conservation et la gestion des requins adopté par la FAO en 1999.
Puisque les requins et les différentes raies sont déjà en danger d'extinction, la poursuite de la pêche aura des effets négatifs sur toute tentative de conservation en cours. Trois requins sur dix capturés par la flotte de l’EU sont d’un genre considéré comme «vulnérable» par l'UICN, ce qui signifie que leur population a déjà été réduite de 80%.
L'évaluation mentionnait plusieurs rapports de captures de dauphins par les chalutiers pélagiques dans la zone entre Boujdour et le Cap Blanc. Des études ont également montré que les tortues sont régulièrement prises dans des filets de pêche. Toutes les espèces de tortues vivant au Maroc et au Sahara Occidental sont considérées comme en danger ou en danger critique d'extinction par l'UICN.
b) Les prises accessoires et les rejets La vidéo récente ci-dessus montre la pratique des rejets depuis les navires en mer de Dakhla, Sahara.. Les prises accessoires et les rejets présentent un grave problème : les animaux capturés sont rejetés déjà morts ou ont peu de chance de survie. Cela affecte la conservation des stocks.
Pendant les 2 premières années d’application de l’accord de pêche, les navires européens actifs en dessous du 29e parallèle nord sont responsables de 1225 tonnes de prises accessoires et de 1283 tonnes de rejets. Ce qui aurait été nettement moins que les prises accessoires et les rejets par d'autres navires similaires. c) Les fonds de l'UE pour éradiquer l'utilisation marocaine de filets dérivants n'a pas été utilisé
L'utilisation de filets dérivants a été interdite par l'Assemblée générale des Nations Unies au début des années 90. Mais cette technique de pêche destructrice est encore utilisée par la flotte marocaine. Pour inciter à éradiquer cette pratique, l'UE paye un million d'euros annuel au Maroc. L'évaluation montre que ces fonds pour éradiquer l'utilisation des filets dérivants n'ont jamais été utilisé par le Maroc.
d) la pollution
Le gaspillage de pétrole par les navires contribue de façon grave à la dégradation de l'environnement marin. La flotte européenne a participé à ce type de pollution dans les eaux sahraouies, quoique moins que les navires commerciaux naviguant dans les mêmes eaux.
D'autres types de déchets sont tout aussi problématiques : les ports du Sahara Occidental ne sont pas équipés des moyens nécessaires pour les recueillir, ils sont jetés dans l'océan Atlantique.
L'UE envisage de payer le Maroc pour pouvoir pêcher au Sahara Occidental occupé à partir de 2013. L'Accord de Pêche UE-Maroc serait à la fois politiquement controversé et en violation du droit international. La campagne internationale Fish Elsewhere! ("Allez Pêcher Ailleurs!") demande à l'UE d’éviter de telles opérations totalement immorales, et d'aller pêcher ailleurs. Aucune pêche ne devrait avoir lieu au Sahara Occidental avant la résolution du conflit.