Des pécheurs sahraouis empêchés d'entrer dans le port de Boujdour
Le matin de 10 janvier, les autorités marocaines ont empêché par la force 70 jeunes pêcheurs d'entrer dans le port de Boujdour et dans le marché aux poissons.
Des voitures de police encerclant le point d'entrée du port ont empêché les pécheurs sahraouis de rejoindre leurs bateaux. La protestation qui en a suivi a mené à des affrontements avec la police marocaine, qui aurait été soutenue par des colons marocains qui qualifiaient les pécheurs sahraouis d’« étrangers ».
Western Sahara Resource Watch a reçu des photos prises avec des téléphones mobiles de sahraouis en train d'être arrêtés par la police.
Pour mettre de l'ordre à la situation, le Gouverneur marocain de Boujdour, M. Elaarbi Etwaijar, a du se déplacer sur les lieux. Etwaijar a affirmé que les pécheurs sahraouis ont été exclus car ils ne possèdent les licences nécessaires pour pécher. Il a poursuivi en disant qu'en arrivant, le groupe a entravé le fonctionnement du système portuaire.
Les colons marocains auraient affirmé qu'ils allaient expulser « ces étrangers » si la police ne le faisait pas.
Des témoins oculaires, comme l'ex-prisonnier politique Sidi Haiba Hbibi, déclarent que les colons marocains se sont réunis devant le port avec des couteaux et d'autres armes, et que la police n'a rien fait pour essayer de les arrêter. Haiba Hbibi est persuadé que ce comportement contre les sahraouis natifs finira en un autre bain de sang, comme lors des évènements dans les camps de Gdaim Izik et la répression par la police des protestations pacifiques dans les villes sahraouies.
Un autre sahraoui qui travaillait au marché affirme que samedi dernier encore, 38 tonnes de poulpe ont été exportés de Boujdour. Pour lui, ce fait confirme l'appropriation par les autorités marocaines des ressources naturelles du Sahara Occidental sans que la population autochtone, les sahraouis, en bénéficie.
L'UE envisage de payer le Maroc pour pouvoir pêcher au Sahara Occidental occupé à partir de 2013. L'Accord de Pêche UE-Maroc serait à la fois politiquement controversé et en violation du droit international. La campagne internationale Fish Elsewhere! ("Allez Pêcher Ailleurs!") demande à l'UE d’éviter de telles opérations totalement immorales, et d'aller pêcher ailleurs. Aucune pêche ne devrait avoir lieu au Sahara Occidental avant la résolution du conflit.