Le Polisario au Conseil de sécurité : la pêche de l'UE nous préoccupe
Le jour même où l'UE va recevoir le Nobel de la Paix à Oslo, l’Union effectue un nouveau cycle des négociations sur la pêche illégale au Sahara Occidental. Le Conseil de sécurité sera informé de la question du Sahara Occidental deux jours après avoir reçu une lettre dans laquelle le Polisario exprime son inquiétude sur l’implication poissonnière de l’UE dans le conflit.
Le 26 novembre, le mouvement de libération du Sahara Occidental, le Front Polisario, a envoyé une lettre au Conseil de sécurité pour exprimer sa profonde préoccupation devant les projets de l'UE de conclure des accords de pêche couvrant le territoire du Sahara Occidental.
La lettre stipule ce qui suit : Le Front Polisario tient également à attirer l'attention sur l'exploration et l'exploitation illégales en cours des ressources naturelles du Sahara Occidental. En particulier, nous tenons à exprimer notre préoccupation la plus vive sur les efforts de l'Union Européenne et du Maroc pour renouveler les modalités prévues par leur Accord de partenariat dans le domaine de la pêche de 2005 de manière que ces dispositions soient censées s'appliquer aux eaux adjacentes à la côte du Sahara Occidental. Des dispositions similaires ont été rejetées par le Parlement Européen lors d'un vote le 14 décembre 2011 en raison de préoccupations sur la violation du droit international par le projet de protocole, comme en témoigne la conclusion du conseiller juridique de l'ONU en 2002 disant que les activités liées aux ressources naturelles du Sahara Occidental ne doivent pas exister «sans tenir compte des intérêts et des souhaits du peuple du Sahara Occidental». (UN Doc. S/2002/161). Nous appelons le Maroc et l'ensemble des entités étrangères à mettre fin à l'exploitation illégale des ressources du Sahara Occidental et à s'abstenir de conclure tout accord qui violerait la souveraineté permanente du peuple sahraoui sur ses ressources naturelles.
Le 10 décembre 2012, l'UE effectuera un nouveau cycle de négociations avec le gouvernement marocain à Bruxelles. Ce qui se passe, ironie du sort, le jour même où les dirigeants de l'UE sont à Oslo pour recevoir le Nobel de la paix, et celui de la journée internationale des droits de l'homme.
La première série de réunions, qui ont eu lieu à Rabat, au milieu de la violence de la police marocaine au Sahara Occidental occupé, ne couvrait que les questions techniques. Un troisième et peut-être dernier tour de négociations, pourrait avoir lieu au début de l'année prochaine.
Les anciens accords UE-Maroc de cette nature ont agité la critique, puisqu’ils sont clairement en violation du droit international et sapent les efforts de paix de l'ONU. La pêche couvrira un territoire qui ne fait pas partie du Maroc. L'ancien chef de l'ONU juridique, Hans Corell, est l'un des nombreux à le souligner :
Il est «évident qu'un accord [de pêche UE-Maroc] ... qui ne fait pas de distinction entre les eaux adjacentes au Sahara Occidental et les eaux adjacentes au territoire du Maroc violerait le droit international". Corell a ajouté: «En tant qu'européen, je suis embarrassé».
Le 28 novembre, il est prévu que le Conseil de sécurité soit informé par l'envoyé spécial de l'ONU, Christopher Ross. La réunion comprendra ses conclusions et l'analyse de sa tournée en Afrique du Nord et dans les capitales occidentales ces dernières semaines. L'un des thèmes des négociations de la paix est la gestion des ressources naturelles, dont le Maroc profite largement, en violation du droit international.
L'UE envisage de payer le Maroc pour pouvoir pêcher au Sahara Occidental occupé à partir de 2013. L'Accord de Pêche UE-Maroc serait à la fois politiquement controversé et en violation du droit international. La campagne internationale Fish Elsewhere! ("Allez Pêcher Ailleurs!") demande à l'UE d’éviter de telles opérations totalement immorales, et d'aller pêcher ailleurs. Aucune pêche ne devrait avoir lieu au Sahara Occidental avant la résolution du conflit.